-
DYLE ET BACALAN DB70
Un peu d'histoire
Au cours des années d’entre-deux-guerres, l’aviation commerciale connut son développement le plus important. Des compagnies aériennes apparurent, d’autres disparurent après des existences éphémères. Il en fut de même des avionneurs. Parmi les constructeurs qui ne firent que passer, il y eut l’industriel français Dyle & Bacalan installé à Bordeaux. L’un de ses avions les plus emblématiques fut le trimoteur de transport DB70.
À partir de 1925-1926 les compagnies aériennes américaines et européennes entendent développer un transport aérien plus massif. Seuls dix à douze passagers pouvaient prendre place à bord d’avions de ligne, souvent dérivés de bombardiers de la première guerre mondiale. Le chantier navale Dyle & Bacalan, qui avait ouvert en 1923 un atelier aéronautique, décida alors de développer un avion de ligne capable de transporter trente passagers sur une distance de 1000 kilomètres.
C’était pour l’époque très ambitieux, d’autant que Dyle & Bacalan n’avait aucune réputation dans l’aéronautique. Aussi les dirigeants bordelais décidèrent'ils d’engager l’ingénieur belge Louis de Monge qui s’était fait alors un nom dans l’étude des ailes volantes et des fuselages porteurs. Ainsi naquit le Dyle et Bacalan DB70
Extérieurement l'avion se présentait sous la forme d’un trimoteur à aile haute cantilever haubanée de construction entièrement métallique. Son architecture était de type bipoutre relié par un tronçon central. C’est là que les vingt-huit passagers prenaient place tandis que les trois membres d’équipage s’installaient dans un poste de pilotage légèrement surélevé. L’avion de ligne était doté d’un train d’atterrissage classique fixe renforcé afin de permettre l’atterrissage sur des pistes en terre. C’est dans cette configuration que le premier vol de l’avion eut lieu le 15 novembre 1929.
Dès sa sortie, la presse française, mais aussi celle d’autres pays comme la Belgique ou le Royaume-Uni, se prirent de passion pour cet avion hors norme. Malgré des tournées promotionnelles réalisées dans toute l’Europe, aucune commande ne se concrétisa. Pourtant le DB-70 enchaînait les heures de vol tout en poursuivant ses essais.
Début 1931 la majorité des grandes compagnies aériennes européennes contactées avaient refusés cet avion jugé trop gros. Aucun transporteur ne voyait alors l’intérêt de transporter vingt-huit passagers quand la norme était à vingt au grand maximum. En mai de la même année, le constructeur tenta le tout pour le tout en réalisant un vol sans escale entre Paris et Marseille en à peine plus de cinq heures. Le DB-70 embarquait des journalistes et photographes. Mais là encore rien ne fit, et l’avion restait invendable.À la même époque l’Aéronautique Militaire Française s’intéressa à l’avion. La mode était alors au parachutage de troupes. Le gros trimoteur de Dyle & Bacalan semblait une option plaisante. Aussi en septembre 1931 le prototype du DB-70 fut réquisitionné par le ministère de la guerre afin de le transformer en avion de transport tactique. De vingt-huit passagers désormais l’avion pouvait emporter trente-deux parachutistes armés et équipés.
Repeint à la va-vite aux couleurs militaires françaises l’avion fut engagé une première fois dans une série d’exercices en décembre 1931. Lent mais volant assez haut le Dyle & Bacalan DB-70 représentait au final un avion assez spacieux pour la mission qui lui était dédiée. Il fut de nouveau engagé dans des missions d’entraînement au parachutage durant toute l’année 1932. Et cette même année l’Aéronautique Militaire Française le fit voler durant une manœuvre de grande ampleur dans l’Aisne avec des éléments belges et britanniques.
Il resta en service jusque fin 1934 sans jamais qu’aucun autre exemplaire ne soit commandé par les militaires français et en février 1935 fut envoyé à la casse.Plus gros avion conçu et assemblé en France lorsqu’il réalisa son premier vol le Dyle & Bacalan DB-70 retomba vite dans l’oubli. A la même époque l'ingénieur allemand Hugo Junkers. s' inspira des travaux du comte de Monge pour concevoir son révolutionnaire G.38 qui ne connut pas beaucoup plus de succès.
A ma connaissance la seule maquette existante est en "scratch" plastique au 1/72. Elle est l’œuvre d'un modéliste adepte de cette discipline: Gilles Mazon qui, comme moi, manifeste un intérêt particulier pour les avions hors du commun. Merci Gilles pour ta réactivité lorsque l'on fait appel à ton savoir.
Documentation
- L'hebdomadaire "Les Ailes", dans son n°439 du 14 nov. 1929 nous présente le DB70 dans sa rubrique "Les ailes s'ouvrent".
- Michel Borget, dans les Fana de l'Aviation n°8 et 9 (février et mars 1970.....) a traité du sujet. Dans cette étude figure un plan 3 vues de bonne dimension, complété par une vue en coupe de la partie centrale de l'aile et un croquis de son aménagement (repris du n° 127 de la revue l'Aéronautique de décembre 1929).
Aménagement intérieur extrait de la revue l'Aéronautique (déc.1929 source Gallica)
-L'étude du DB70 est reprise par le même auteur, dans le Fana de l'Aviation n°392 (juillet 2002). De nouvelles photos complètent cette présentation ainsi qu'un dessin couleur de Lucien Perinotto représentant l'appareil en vol.
Je vous propose une récapitulation "maquettiste" de toutes les informations utiles recueillies.
Voilure
Constituée par un corps central sur lequel viennent se fixer tous les autres éléments de l'appareil: ailes latérales, bâtis-moteurs, fuselage, train d'atterrissage. le corps central est doté d'un profil biconvexe dissymétrique extrêmement épais. La largeur de cet élément est de 8.56m en y incluant les deux fuselages latéraux. La longueur est de 10.20m et l'épaisseur de 2.40m
La voilure proprement dite comprend deux plans rectangulaires à profil plans convexes et présentent un dièdre de 3°. Le profil d'aile semi-épais est doté d'une corde de 4.80m pour une épaisseur de 0.61mLes saumons étaient de forme elliptique.
L'envergure totale était de 37m.
Fuselage
Rien à signaler de plus que les infos présentent sur le plan 3 vues.
Train d' atterrissage
La voie est de 8.50m (une coquille s'est glissée dans le Fana en lui donnant une valeur de 6.70m incompatible avec le plan 3 vues) .Le train est constitué de deux roues jumelées de 1300mm x 275mm de diamètre. Les béquilles arrières sont orientables.
Empennage horizontal
Il présentait une envergure de 13.40m pour 1.7m de corde.
Groupe moto-propulseur
Les trois moteurs étaient des Hispano-Suiza 12Lbr 12 cylindres en V à 60° entrainant par l'intermédiaire d'un réducteur des hélices bipales en bois.
Mais il reste des points pour qui feront l'objet ,d'une libre interprétation de ma part. Par exemple: le poste de pilotage qui était à l'origine à l'air libre puis fermé par la suite et pour lequel on dispose que de peu d'informations, ou le positionnement des escaliers d'accès des fuselages latéraux....
La maquette
Cette maquette avec ses 56cm d'envergure est la plus imposante que j'ai dessinée à ce jour. Un "monstre" au 1/66. Si un soin particulier a été apporté au repérages des différentes pièces, j'ai renoncé à des indications de montage aussi poussées que je le propose habituellement. . L'élaboration d'une notice de montage pour un tel modèle peut prendre autant de temps que l'étude de la maquette proprement dite.
Généralités:
L'importante surface vitrée fait l'originalité de ce modèle. Il aurait été dommage de la reproduire en trompe l’œil. il a donc fallut en tenir compte lors du dessin de la structure et, de ce fait, faire figurer un minimum d' aménagements intérieurs. Faute de documentation, l'interprétation des rares photos et un peu d'imagination ont permis de rendre plausible tout ce qui pourrait être accessible à un œil quelque pervers.
A mon habitude, tous les collages se font bord à bord avec renforcement par une bandelette de papier de soie chaque fois que possible.
Après impression, les planches sont protégés par application d'un voile de fixatif. Cela leur donne une relative protection à l'humidité, tout en évitant aux couleurs de ternir avec le temps.
Enfin, pour le collage des planches en papier de 80g sur leur cartons de renfort, je privilégie la colle contact en bombe. La vinylique a tendance à détremper le papier avec les conséquences que l'on peut imaginer sur les caractéristiques dimensionnelles des pièces.
Nacelle centrale (poste de pilotage).
La feuille de rhodoïd, dont la partie supérieure constitue les cotés de la verrière, est prise en sandwich entre l'habillage intérieur (E9) et extérieur (E21) des flancs. Cette solution épargne un montage "en l'air" de la verrière pas toujours évident lorsqu'elle est à facettes. Le collage des parties transparentes entre elles est suffisamment délicat à réaliser proprement pour ne pas en rajouter! Coller d'abord l'habillage intérieur (E9) sur le transparent puis dégager de ce dernier la partie correspondant au profil de l'aile. L'habillage extérieur(E21) est plus étendu que nécessaire. Le coller en faisant coïncider le contour du profil et la ligne de référence que constitue la base horizontale de la verrière. L'excédent d'habillage sera simplement arasé.
Si l'on opte pour une gouverne de profondeur avec un certain braquage (vers les bas de préférence), penser à positionner les manches dans une position cohérente (inclinés vers l'avant dans ce cas). Cela donne un peu de vie au modèle. Si, si.....vous trouverez bien un esprit pinailleur pour vous en faire la remarque si tel n'était pas le cas.
Les différents panneaux constituant la verrière sont assemblés à la colle vinylique plus aisée à utiliser que la cyano. J'ai un faible pour la "kraft bond" de Tamiya dont la viscosité est parfaitement adaptée à ce genre de collage. De plus je lui trouve un pouvoir collant supérieur aux colles à bois traditionnelles. (Une impression peut être. Chacun a ses marottes!)
Pour les montants de verrière, j'ai opté pour des bandelettes de papier imprimées recto verso (bleu et gris metal) collées à la vinylique. On peut aussi les peindre en se servant de caches, mais il est assez difficile de trouver la bonne nuance de peinture bleu en accord avec celle issue de l'impression.
Nacelles moteur latérales.
On notera la présence d'équipements communs aux 3 nacelles moteur: radiateur d'huile, écope etc
Il n'y a pas de structure. Seule une rondelle (E1, E2) garantie une forme bien circulaire à l'extrémité, .Le montage se fait donc "en l'air". La forme du profil de l'aile centrale sera découpé une fois les nacelles terminées toujours pour garantir une bonne géométrie de l'ensemble tout au long de leur réalisation.
Toutes les nacelles sont coiffées de la même partie conique (E14,E15)
Équipements des nacelles.
Radiateurs eau (10) et huile (E19) dessous. Prise d'air?(E18) en forme de demi cylindre sur les faces latérales externes (coté gauche pour la nacelle centrale) et les caches culbuteurs (E16) qui demanderont un certain travail d'ajustement pour épouser au mieux la forme du capotage. Quelques ouïes sont rajoutées sur une plaquette (E17) qui se positionne à cheval, comme le radiateur d'huile (E17) sur le plan de joint du capotage. Les tubulures d'échappement pourront être tirées de micro tubes (aiguilles de seringue, par exemple). C'est à peu près tout ce qu'il est possible d'identifier de façon formelle comme équipements au vu des quelques photos disponibles.
A noter sur les faces externes des nacelles latérales les portes d'accès à une coursive qui court parallèlement au bord d'attaque de l'aile et dont l'accès est réservé à l'équipage. J'ai aménagé de façon la plus rationnelle possible cette partie en fonction des quelques indications que j'ai pu trouver. Cette coursive est bien visible au travers des grandes baies vitrées qui courent le long du bord d'attaque. De même que la "promenade vitrée" réservée aux passagers, parallèle à la coursive. Les plus pinailleurs pourront même "ouvrir" les portes d'accès à ce couloir (la structure a été imaginée en tenant compte de cette éventualité) ce qui nécessitera un aménagement plus "poussé"( et purement hypothétique) de ce dernier.
Il faut dire qu'au départ j'avais imaginé un éclairage intérieur de cette maquette. J'y ai finalement renoncé sans pour autant omettre de représenter au mieux les aménagements intérieurs dont la présence se devine à travers les vitrages!
Tronçon central de l'aile
Sur cet élément viendront se greffer les fuseaux latéraux et les ailes. Pas de difficulté particulière mais de son bon équerrage dépendra la géométrie de l'ensemble.
Poste du navigateur, panneaux moteurs....on ne verra plus grand chose une fois le nez en place. Mais tout y est! Ou presque....
Je me suis attaché à réaliser de façon plausible la partie visible à travers la grande baie vitrée du bord d'attaque. Coursive courant le long de ce dernier permettant à l'équipage de communiquer entre eux mais aussi aux mécaniciens d'accéder directement aux moteurs....en vol. L'enfoncement dans lequel officie le navigateur a été aménagé de même que l'escalier permettant d'accéder au poste de pilotage....et au moteur central.
A noter les éléments de structure tubulaire en fil de cuivre soudé à l'étain. Au final, pratiquement rien ne sera visible mais qu'elle satisfaction de savoir de l'avoir réalisé.
Le recouvrement (F20) de cette partie se fera après la pose des fuseaux moteurs et de la partie transparente qui constitue le bord d'attaque de l'aile. Il va de soi que plus grand soin sera apporté à l'ajustement des différents éléments entre eux ainsi qu'au respect de la géométrie de l'ensemble.
Fuselages latéraux
Bienvenue à bord!
L'aménagement intérieur se devine à travers les larges fenêtres. Cela m'a obligé à accorder un minimum de soin à sa réalisation. Sièges en rotin, tableaux des années trente sur un revêtement "art déco" des cloisons pour coller au mieux à la doc en ma possession dans l'esprit de l'équipement des cabines passagers des avions de l'époque.
L'ouverture donnant accès au "salon" central est seulement représentée en trompe l'oeil sur les flancs (FD3G et FG3D) l'aménagement de la
partie centrale de l'aile ne présentant aucun intérêt car invisible de l'extérieur.
Les fenêtres sont réalisées par encastrement d'une languette de rhodoïd dans un embrèvement réalisé sur la face extérieur des flancs (FD3D et FG3G) de façon à éviter toute sur épaisseur. De même, des rectangles de rhodoïd sont encastrés dans la face supérieure (FD1 et FG1). Ces derniers sont collés par l'intérieur de façon que leur face externe affleure.
Les fuselages latéraux seront soigneusement ajustées sur la structure de la portion "aile/fuselage" centrale avant la pose de leur recouvrement et leur mise en place définitive.
Les trois "appendices nasaux" pourront alors rejoindre leurs emplacements définitifs.
Train d'atterrissage et béquille arrière.
Jambe de train en fil de cuivre soudé à l'étain et roues tournées à mon habitude.
Les Ailes
le montage des ailes ne pose pas de problème particulier. Veiller seulement à préformer l'extrados du revêtement, l'intrados étant plat .A noter que l'aile présente un léger dièdre (cale A7). Initialement j'avais envisagé de faire pénétrer l'extrémité du longeron dans les fuseaux latéraux. En fait un simple collage de la nervure d'emplanture suffira, la présence des 4 mats obliques dotés d'une âme en cap sécuriseront les demi ailes en position.
Pour le montage des mats,le modèle sera placé sur le dos sur un bâti. La partie centrale du fuselage sera rehaussée de 11.5mm (l'extrémité des saumons en appui sur le bâti) pour obtenir le dièdre de 3°.
Empennages
Faible corde et grand allongement. La présence d'une cap de 10/10 qui court tout le long de l'envergure du plan fixe et du volet de la profondeur est indispensable. Difficile autrement de garantir la rectitude de tels éléments.
Hélices.
Elles n'ont pas le même sens de rotation. Moteur gauche, sens anti horaire, les deux autres, sens horaire.
Équipements divers
- Phares d'atterrissage et feux de position
- Tube pitot
Optionnel
Je me suis réservé la possibilité de représenter la trappe d'accès centrale à la cabine passager ouverte. Par contre, je n'ai pas donné cette possibilité à celles des fuseaux latéraux ne sachant pas trop comment les positionner par rapport aux cabines passagers respectives. En arrière de la cloison arrière de la cabine passager? auquel cas la disposition des sièges contre celle ci est incohérente (voir croquis d'aménagement). A moins que celles-ci ne fussent aménagées que pour la version militarisée de l'appareil? Mystère.
Les planches de la maquette:
Téléchargement des 20 planches au format A4, 2Mo environ la planche.
Cliquer sur les éléments ci-dessous pour les télécharger.
Planche 1 Planche 2 Planche 3 Planche 4 Planche 5 Planche 6 Planche 7 Planche 8 Planche 9 Planche 10
Planche11 Planch12 Planche13 Planche14 Planche15 Planche16 Planche17 Planche18 Planche19 Planche20
ou prochainement sur le site de mon ami Pierre:
http://pierreg.free.fr/carton/projet/myproj.htm
Debriefing
Bien que l'on puisse supposer que l'agrandissement de la surface vitrée frontale ait été réalisée à la demande de l'armée, j'ai considéré que cette extension (du plus bel effet à mes yeux) aurait pu apparaitre à la fin de l'histoire du DB70, sous immatriculation civile. Elle aurait constitué un atout commercial supplémentaire, donnant un surcroit de luminosité à la coursive réservée aux passagers (parallèle au bord d'attaque de l'aile) avant d'accroitre le visuel des équipages militaires.
Noter l'extension de la partie vitrée, l'insigne sur le flanc et la tenue des personnages.....période militaire selon toute vraisemblance......
Pour en savoir plus
Intégralité de la documentation que j'ai pu réunir sur le sujet pour réaliser la maquette.
- Les Ailes du 14 novembre 1929 VOIR (source Gallica)
- L'Aéronautique de décembre 1929 VOIR (source Gallica)
- A noter le compte rendu dans "Les ailes" du 21 novembre 1929 du premier vol par un journaliste ayant été invité à y participer VOIR (source Gallica)
Photothèque: VOIR
Quelques photos de la maquette:
Bons vols.
-
Commentaires