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FARMAN 190 F-ALAP ALSA DE MOENCH ET BURTIN
Un peu d'histoire au travers de la presse de l'époque:
la route aérienne qui, partant de l'Europe Occidentale (Londres ou Paris), passe par la méditerranée, la Syrie, la Perse (actuel Iran), le nord de l'Inde, bifurque au Siam (actuelle Thaïlande) vers l'Australie et vers l'Indochine, a de tout temps attiré les grands pilotes (Costes et Le Brix, Bailly et Reginensi etc). A leur suite sont venus des grands touristes, qui, sans battre de records, ont cependant fait de beaux voyages. Si un des plus retentissants fut celui de Goulette et Lallouette qui effectuèrent le trajet Paris Saïgon en 5 jours, 3 heures et 50 minutes, le Paris Hanoï effectué en moins de 10 jours par Christian Moench etJoanny Burtin constitue une belle performance, d'autant plus qu'ils ne mirent que 4 jours pour couvrir le trajet d'Alep à Hanoï.
Leur avion était un Farman F190 à moteur Gnome Rhône Titan 230cv baptisé ALSA en l'honneur de la levure qu' Emile Moench, le père de Christian Moench, popularisa. Le 2 mars 1931 à 15h10, Ils quittèrent Le Bourget et après une quinzaine d'heures de vol atteignirent la Grèce. Malgré le mauvais temps, ils quittèrent Athènes le 7 mars mais furent contraints à un atterrissage forcé à 80km d'Alep endommageant légèrement leur hélice. Ils purent malgré tout redécoller le lendemain, après une réparation de fortune, pour un voyage qui, des lors, allait se poursuivre très rapidement.
Le 12 mars à 17h00, ils se posaient à Hanoï et venaient d'accomplir une liaison rapide France - Indochine en 9 jours et 19 heures (Les ailes 310319).
Mais il n'en restèrent pas là. Le 14, ils étaient à Honk Kong, et le 21 à 15h ils se posaient à Tokyo après avoir fait escales à Shanghai et Séoul. Ils avaient ainsi parcouru 20000km en 18 jours dans des conditions atmosphériques souvent très mauvaises.(LA310331)
L’Aéronautique japonaise feta les voyageurs et le Général Nagaoka leur remis la grande médaille d'or de la "Société Aéronautique Japonaise". (ARN3106).
Puis ce fut le retour vers la France. Décollage de Tokyo le 26 mars à 7h08 (LA310402) pour une arrivée triomphale au Bourget le 19 avril à 11h55.(La310423).
Les deux aviateurs ont relaté en détail leur périple dans un interview accordé au journal Le Ailes qui le publia dans ses numéros des 310430 et 310604.
Mais ils n'en restèrent pas là. Toujours avec leur Farman 190, ils quittèrent Paris pour Istres d'où ils prirent le départ le 30 pour Madagascar qu'ils se proposaient de rallier en 8 jours. (LA311005). Ils ne mirent que 6 jours, 9 heures et 45 minutes battant le temps du parcours Paris Tananarive.
A noter que le raid sur Tokyo a été entièrement financé par Christian Moench et son père, sans nulle intervention du Ministère de l'Air .Il en est de même pour le raid sur Madagascar, les frais du voyage étant couverts par un commanditaire qui n'est autre que le propre frère de Moench.
La démonstration de Moench et de Burtin est venue à son heure pour montrer que les grandes liaisons aériennes avec les colonies ne sont pas "l'exclusivité de nos amis de l'Aviation Britannique" (sic).(LA311112).
Le retour s'effectua sans problème malgré le fait qu'il prit plus de temps qu'à l'aller, le mauvais temps ayant sévit sur une grande partie du trajet (LA311126).
Que faut il retenir de cette longue randonnée de 25000km qui a conduit le très sympathique équipage de Paris à Tananarive, puis de Tananarive à Paris?
Une compile des pages des revues aéronautiques d'époque évoquant les raids de l'ALSA sont accessibles ci-dessous.
L'Aeronautique L'Aérophile Les Ailes 1/2 Les Ailes 2/2
Documentation:
- La série d'articles sur les Farman 190 et dérivés parus dans la revue AVION
- Le DOCAVIA n°21 "Les Avions Farman" de J.Liron
- Le FANA de L'AVIATION n° 484 concernant l'appareil du Musée de l'Air et de l'Espace (dont on trouve aussi des photos sur le net)
- La remarquable biographie concernant Alain Moench sur le site https://planons.com.
La maquette:
La lecture du livre de V. FERRY "CIELS IMPERIAUX AFRICAINS 1911-1940" est un peu à l'origine de cette maquette.
Y sont relatés les nombreux raids effectués à cette époque par des personnages bien souvent "hauts en couleurs". Question type d'avions, les FARMAN 190 et dérivés y tiennent une place de choix.
Le site CREZAN AVIATION et en particulier la page traitant de l 'ALSA a été l'élément déclencheur. / http://www.crezan.net/pag_f190/190_52.html
Le montage:
Quelques photos concernant le montage sont regroupées sur une page spécifique à laquelle vous accéderez en cliquant sur ce lien suivant:
La structure du fuselage et de de l'aile:
A mon habitude, tous mes modèles sont dotés d'une structure rigide en carton. Voir les vues en perspective de la planche 2.
Du soin apporté à la réalisation de la partie centrale (photo 1 et 2) découlera la bonne géométrie du fuselage. Ayant opté pour des vitrages transparents, une ouverture rectangulaire est réalisée dans ceux-ci. Cette ouverture est à garnir d'un morceau de rhodoid un peu rigide que l'on immobilisera par quelques points de colle (vinylique blanche pour éviter l'opacification générée souvent par le collage à la cyano). Les flancs seront réunis à l'arrière (photo 3) après en avoir biseauté leurs extrémités puis réunis à l'avant en pinçant le couple . C'est à cette étape qu'il convient d'aménager un minimum le poste de pilotage (photo 4). C'est ce que j'ai essayé de faire, plus pour me faire plaisir que par soucis de fidélité à l'original, en m'inspirant du dessin ci-dessous. Les instruments de la planche de bord ont reçu, au préalable, une goutte de vernis incolore (ou de Crystal clear), (photo 5). Je sais, c'est du pinaillage mais on a droit de se faire plaisir!
Les dessins en perspective de la planche 3 devraient vous permettre de finaliser l'assemblage de la structure du fuselage.
Le même principe de structure rigide est appliqué aux ailes. La vue en perspective de la planche 4 vous montre la disposition des différents éléments. Cela va sans dire que les biseautages indiqués doivent être réalisés avec soin pour que l'ensemble "file bien".
On passera un coup de crayon gras bleu (ou de feutre) à tous les endroits ou des éléments de l'habillage se rejoindront (photo 6). Cette mise en couleur s'applique aussi aux champs de toutes le pièces avant leur mise en place.
Avant de passer à l' habillage de cette structure, on collera le train T5 au verso de la cloison S3 (photo 7).
Revêtement du fuselage
Les hublots seront percés à l'emporte pièce (photo 8). le mien est d'origine Multirex (pub gratuite). La structure reçoit son revêtement( rep.1) après en avoir marqué les plis. C'est l'étape la plus délicate. L'utilisation d'une colle vinylique (dite blanche) vous permet de disposer d'un court instant pour ajuster les éléments entre eux (photo 9). La partie du revêtement enveloppant le bord d'attaque de l'aile sera ceintrée puis collée. Il restera à habiller le dessous du fuselage (rep 2) pour terminer celui-ci.
Revêtement des ailes
Les revêtements (rep 4) sont posés en collant d'abord l'intrados sur la structure, puis en rabattant l'extrados le long du profil pour finir en le collant le long du bord de fuite de l'aile. Si vous prenez soin de pré-galber l'extrados de l'aile (photo 11), la pose du revêtement ne présente pas de difficulté particulière. Seul la réalisation des bords marginaux demande un peu de soin.
Empennages
Dans la foulée, on pourra réaliser les empennages. Une cap de 5/10 collée le long du bord d'attaque du plan fixe (photo 12) lui garantira une certaine rectitude. L'habillage des éléments constituant l'empennage n’appelle pas de commentaires particuliers sauf qu'il faut prendre soin d'en marquer les plis (photo 13). J'ai opté pour une réalisation séparée des parties mobiles. Outre que cela permet une mise en place plus aisée des guignols (rep 13), les coller avec un léger angle donnera un peu de vie au modèle.
Pare brise
Tant que le fuselage est facilement manipulable on s'attaquera à la pose du pare brise. La pièce (rep 10) servira de patron pour le découper dans une chute de rhodoïd (photo 14). Les angles seront marqués d'un léger coup de cutter pour en faciliter le pliage. Plus facile à dire qu'à faire. Equiper mes modèles de vitrages transparent est une nouveauté pour moi et je dois dire que plusieurs tentatives ont été nécessaires pour arriver à un résultat à peu près correct. Les montants ont été peints à main levée. J'ai hésité à utiliser du ruban de masquage pour les délimiter de peur de décoller un pare brise dont la réalisation et la pose m'ont quelque peu fait transpirer!
Les roues
Après l'épreuve précédente, la réalisation des roues permet de retrouver une certaine sérénité. Pour une fois, je n'ai pas fait appel à ma mini perceuse pour les tourner. Leur mise en forme se fait directement par ponçage et la surface du pneu repassée en gris foncé (photo 15). Par la suite, j'ai doté les pneumatiques d'un léger méplat pour simuler l'écrasement du pneu au sol (photo 15). Comme dit l'autre: "ça ne mange pas de pain". Alors....
Le train est complété de ses jambes de force dont le revêtement (rep T2) a été préalablement "délaminé" pour être enroulé et collé sur la cap T1. Cette dernière sera ajusté en longueur avant de rejoindre son emplacement (photo 16). La pose de la béquille B n’appelle pas de commentaires particuliers.
La mise en croix
Il est temps pour les ailes de rejoindre le fuselage. Les ailes ne présentant pas de dièdre (extrados plat) et étant reliées au fuselage par de généreux mats (rep M2), elles sont directement collées par leur emplanture au fuselage, l'ensemble ailes / fuselage étant disposé à plat sur le dos. Une planchette, sommairement équipée de butées, fait office de bâti de montage (photo 17).
L'habillage et la pose des différents mats et des amortisseurs du train (rep T4) demande un peu de patience (photo 18 et croquis page 2). Une fois le modèle dégagé de son bâti et remis dans une position plus académique (en ligne de vol), on pourra l'équiper de son empennage et de la mature de ce dernier (croquis page 2). Ne pas oublier les guignols d'ailerons (rep 12).
Le moteur
Il s'agit d'un Gnome et Rhone 5Ba "Titan", pas facile à modéliser en particulier au niveau de son système d'échappement.
J'avoue que le défi que représentait la représentation du moteur est pour quelque chose dans la modélisation du Farman 190. Le moins que l'on puisse dire est qu'il se remarque sur l'avion. De plus la présence d'un collecteur d'échappement annulaire ne simplifie pas les choses.
Le maximum de ses éléments est réalisé en papier. Reste le tubulures coudées irréalisables en papier (du moins à cette échelle). Celles d'échappement (devant) sont simulées au mieux avec du fil de cuivre (récup. de bobinages de moteurs électriques). Par contre, seule l'amorce de celles d'admission, à l'arrière du moteur, n'est réalisée (photos 19 et 20). Reste leur liaison avec les cylindres à imaginer (fil à coudre de bon diamètre genre fil à gant?)
Sans tomber dans l'autosatisfaction, je suis assez content du rendu visuel de l'ensemble. Il peut rejoindre la cloison pare feu S5 après interposition de l'habillage de cette dernière (rep14).
Et pour se faire plaisir.....(liste non exhaustive)
- La cabine a été équipée de différents accessoires comme l'extincteur rep 7 ou la boite batterie rep12 (voir croquis ci-dessus). On ne les vois pas, mais quelle satisfaction de savoir qu'ils y sont!
- Les feux de position (ailes et dérive) sont en plastique étiré (la modélisation papier a ses limites).
- Les câbles de commande sont en fil de bronze de 2/10 (méthode J. Maillière:http://www.criquetaero.fr/un-haubanage-realiste-a172355804 )
- On peut rajouter sur le dessus du capot avant ce qui semble être un compas supplémentaire (papier)
- Le venturi sur l'extrados de l'aile au centre du fuselage (je l'avais réalisé avec deux cure dents en bois collés par leurs pointes, mais celui-ci a été très rapidement épris de liberté à la première manipulation du modèle. J'ai accédé à ses désirs....
Afin que les choses soient claires, et au risque de me répéter....
Contrairement à une maquette plastique pour laquelle le soucis du réalisme peut être poussé à son paroxysme partout où le regard à envie de se poser (voir au travers d'appareils grossissants), la maquette papier se prête mal à un examen trop rapproché.
Je m'explique:
Plus l'échelle retenue est petite, plus les contraintes liées à la modélisation papier deviennent des obstacles. Dans un premier temps, difficiles à contourner, pour devenir, finalement, incontournables.
L'impossibilité de la représentation à plat d'une surface sphérique constitue une parfaite illustration de mon propos. Voir projection de Mercator et consort pour la représentation de notre planète.
Concernant les maquettes d'avions, seules des réalisations à l'échelle du 1/32 (échelle métrique "Reine" pour le papier) sont à même de soutenir la comparaison avec leur homologue plastique à l'échelle anglo-saxonne du 1/33 pour les maquettes plastique.
Toute flagornerie mise à part, j'ai pris l'habitude, à l'occasion d'expos, de présenter une maquette papier au 1/33 (de bon niveau), et rares sont ceux capables d'identifier, à prime abord, le fait qu'elle soit en papier. Bien souvent, je suis obligé de montrer les planches dont elle est issue pour vaincre un certain scepticisme.
Concernant l'échelle du 1/66 que j'ai retenue, une présentation à une cinquantaine de centimètres me semble être la bonne distance pour que la magie opère.
De ce fait, il est inutile de trop s'appesantir sur la représentation de détails qui," in finé", seront peu ou pas accessibles au regard.....sauf pour se faire plaisir.
Téléchargement (downloading)
Téléchargement des 5 planches au format A4, 2Mo environ la planche.
PLANCHE 1 PLANCHE 2 PLANCHE 3 PLANCHE 4 PLANCHE 5
ou sur le site de mon ami Pierre:
http://pierreg.free.fr/carton/projet/myproj.htm
Photos archives.
Quelques rares photos de l'ALSA recueillies sur le net ou dans la presse. ICI
Photos maquette.
Debriefing:
Ce modèle fait partie de ceux qui m'ont demandé le plus de travail, particulièrement au niveau de la mise en forme des planches, alors que bien souvent la maquette est pratiquement terminée.
Le Farman 190 et ses dérivés, ont bénéficié de livrées particulièrement attrayantes que je pense bien coucher un jour sur le papier. Je me devais donc d'en standardiser un minimum les planches de façon à pouvoir, sans trop de difficulté, en décliner d'autres versions.
Des fois que (on ne sait jamais) certains soient tentés par l'aventure....
Bons vols.
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