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WEYMANN type 130
Jusqu'alors, je considérais comme déraisonnable de doter mes modèles à habitacle fermée, de vitrages transparents. La pose de vitrages impose de doter la cabine d'un minimum d'équipements dans un espace visuellement dégagé. Ceci complique, généralement, la conception de la structure, garante d'une géométrie finale correcte.
J'ai été contraint de réviser ma position sur le sujet en découvrant qu'un modéliste de talent (Jan Kitop), ne se contentait pas de réduire au 1/72 mes modèles, mais les présentait de cette façon.
Il faut reconnaitre que le modèle y gagne au niveau réalisme et je me devais de lui emboiter le pas.
Le premier avion que j'ai traité de la sorte a été le Farman 190, mais sa taille conséquente facilitait les choses.
Voici donc le Weymann 130 qui s'inscrit dans une démarche similaire
Un peu d'histoire.
Une des rares photos de l'unique Weymann type 130. il est équipé provisoirement d'un moteur droit en vue de son homologation.
Ultime avion de tourisme de la SAEAW (Société anonyme des établissements aéronautiques Weymann) il fut conçu par l'ingénieur Delasalle. Biplace cote à cote à cabine fermée. Il est intégralement réalisé en bois. D'une envergure de 10m, il avait fait l'objet d'une construction particulièrement solide afin de recevoir n'importe quel moteur de 95ch à 150ch, d'où son surnom de" Ford de l'air".
Il vola en mai 1932 avec un moteur Renault de 95ch en position droite. Bien qu'il eût l'immatriculation F-ALQY, il n'obtint jamais son certificat de vol.
Il était destiné à recevoir par la suite un moteur inversé qui se généralisait sur les avions de tourisme.
Aucune indication concernant les couleurs de l'appareil
A l'examen des photos, il semble être bicolore, les ailes et l'empennage horizontal ainsi qu'une bande horizontale le long sur fuselage étant d'une teinte plus claire que le fuselage lui même.
Vue de 3/4 avant de l'appareil . A noter le capotage sommaire avant.
Particularités: On notera un pare brise prismatique, un système de compensation de la gouverne de profondeur original et propre à Weymann et une immense dérive.
Documentation:
Rare sur le sujet.
Uniquement une présentation de l'avion dans Les Ailes du 9 juin 1932 et un plan 3 vues minimaliste dont il faudra se contenter et quelques rares photos issues de la presse d'époque, donc de mauvaise qualité, reproduites ici.
Les caractéristiques techniques et dimensionnelles communiquées permettent de redessiner un plan 3 vues exploitable, la concordance des vues de celui proposé n'étant pas toujours au rendez vous.
Un tableau de bord à la forme originale
Je vous propose, ci-dessous, une synthèse de cette présentation parcourue d'un oeil maquettiste.
Analyse de la formule
Petit appareil avec faible charge au mètre carré de façon à obtenir un atterrissage facile. Vol agréable en air calme, un départ commode sur des petits terrains, une grande capacité ascensionnelle pour franchir les obstacles, tout en présentant une vitesse de croisière élevée. Structure trapue, robuste, indéformable et indéréglable, bien adaptée aux conditions d'emploi de l'avion de tourisme. Coefficient de sécurité élevé qui atteint 15 dans le cas du moteur Renault 95cv, de façon à pouvoir monter sur l'appareil toute une gamme de moteurs de puissance diverses jusqu'à 150cv. Masses concentrées pour donner une bonne maniabilité et permettre les évolutions acrobatiques.
Descriptif
Voilure.
Biplan à ailes égales et décalées. Les demi ailes font 4m45 x 1m20. Une paire de mats entre les ailes en forme de N. Croisillonnage par des haubans profilés. Décalage du plan inférieur de 30cm. pas de flèche. Aile supérieure droite et aile inférieur présentant un léger dièdre pour préserver une garde latérale suffisante l'aile inférieur étant très près du sol. Cette disposition facilite les atterrissage par effet de sol et permet un accès aisé à la cabine. L'entre-plan au niveau du fuselage est égale à la profondeur de l'aile. le profil de l'aile est un RAF 28. pour compenser les désavantages d'un petit entre plan.
La voilure est entièrement en bois à revêtement travaillant. Nervures serrées et multi longeronnets (6) forment une sorte de maillage serré maintiennent la permanence du profil. des traverses concentrent les efforts en deux points: au niveau de l'attache des mats et de la fixation sur le fuselage. L'aile n'est raccordée au fuselage que par deux ferrures. Le prototype est doté d'une voilure fixe, mais les modèles suivants seront dotés d'articulations permettant de régler les ailes sans dérégler le haubanage.
Ailerons larges et peu profonds de 2m50 x 0.25m. En structure entièrement coffré pour une plus grande résistance à la torsion. Pour leur commande un renvoi est noyé dans l'épaisseur de l'aile inférieure et des billettes relient les deux ailerons.
Fuselage
Dimension au maitre couple 1m30 de haut par 0.95m de large. Longueur du fuselage 5.60m de l'avant du capot moteur à l'étambot de la dérive.Structure en tube soudé entoilé de l'avant de la cabine à l'extrémité arrière. On accède à la cabine de plein pied par deux portes (une de chaque coté). Bonne visibilité vers le bas du fait du décalage de l'aile inférieure. Ouvertures sur les cotés et le plafond garnies de cellon. Pare brise en triplex. Les deux sièges sont légèrement décalés l'un par rapport à l'autre pour augmenter confort et visibilité. Casier à carte dans la partie inférieure du tableau de bord. Soute derrière la cabine pour les bagages légers.
Empennage horizontal
Il est en, tube d'acier soudé. Dérive et gouvernail de direction en bois. L'empennage est maintenu par deux paires de mats qui se réunissent à la partie inférieure de l'étambot. Les dimensions importantes de la dérive imposées par la courte longueur du fuselage et par l'importance des surfaces verticales situées en avant du centre de gravité. Les commandes sont en câble et extérieures.
La compensation du plan de profondeur est un système très particulier à Weymann. Les extrémités débordantes du plan offrent une solution de continuité entre l'axe d'articulation et le bord d'attaque. La compensation proprement dite constitue une petite ailette qui agit avec un grand bras de levier tout en ne troublant pas l'écoulement autour de l'empennage.
Groupe moto propulseur
Le bâti moteur fait partie intégrante du fuselage et est constitué par un assemblage de tubes d'acier. Ensemble indéformable et très rigide.Le moteur prévu sur cet avion est un moteur en ligne inversé. C'est ce système qui donne la meilleure allure, la ligne la plus satisfaisante, une bonne garde d'hélice et une bonne visibilité vers l'avant. Moteur Renault 95cv, hélice métallique forgée. Deux réservoirs à carburant dans le fuselage pour une capacité totale de 130 litres.
Le train d'atterrissage
Le train d'atterrissage affiche une voie de 2m40 pour une envergure de l'avion de 9m75. Les roues sont des ballons Goodrich, de 0.60m de diamètre, situées assez en avant du centre de gravité. Elles sont supportées par deux demi-essieux en V, disposés horizontalement, qui encaissent le couple de freinage et par un amortisseur vertical qui monte s'atteler sur une membrure du fuselage, sensiblement au niveau de l'axe de l'hélice. cette disposition, évite le dandinement au sol en transmettant directement les réactions au niveau du centre de gravité. Les amortisseurs sont du type oléo-ressort. L'avantage de cette combinaison réside dans sa robustesse et dans son indéréglabilité. La suspension arrière est constituée par une simple béquille amortie et articulée sur l'étambot.
La maquette
Le plan ci-dessus a été établi à partir de celui illustrant l'article de présentation du Weymann 130 dans Les Ailes du 9 juin 1932 en y intégrant toutes les informations recueillies et en s'appuyant sur les quelques photos disponibles.
J'ai conservé le moteur en position droite, même si cette disposition était provisoirement retenue pour les essais en vue d'une homologation. Sur un plan purement esthétique, on fait mieux, mais comme ce fut la seule configuration, et que je tiens à coller au mieux à la réalité....
Pour un modéliste aguerri, les planches et les indications qui y figurent devraient se suffirent à elles mêmes pour mener à bien le montage de la maquette.
Le seul point délicat reste la partie vitrage. pour les flancs, j'ai utilisé de l'adhésif double face. La difficulté réside dans la pose de la partie vitrée au niveau de l'extrados de l'aile et de la partie prismatique du pare brise. comme je tenais à ce qu'elle file avec le revêtement de l'aile, le rhodoïd vient se coller sur une sorte de marche dans sa partie arrière, s'appuie sur la partie haute de la cabine et le longeronet , et est juste collé au niveau de la partie prismatique avant. Pas évident, mais je n'ai pas encore mis la main sur de la colle cyano qui ne décolore pas le rhodoïd permettant un collage bord à bord avec le papier.
En ce qui concerne les ailes, bien que ce ne soit pas théoriquement indispensable, j'ai doublé le longeron de l'aile inférieure d'une corde à piano de 0.5mm et j'ai ajouté une entretoise en carton de 0.5mm entre les nervures.
Renfort facultatif de l'aile inférieure L'aile supérieure avant pose puis mise en place sur le dessus du fuselage
Pour évoquer le système de compensation aérodynamique de la gouverne de profondeur propre à Weymann, plutôt que de réaliser les ouvertures comme suggéré sur le plan, j'ai noyé dans l'âme des gouvernes des petits tronçons de corde à piano de 0.5mm avant la pose du recouvrement. Cela demande plus de soin (quoique), mais le visuel est bien meilleur malgré l'interprétation tout à fait personnelle de l'équipement original.
Le haubanage est purement hypothétique, les photos n'étant pas suffisamment explicites à ce sujet.
Un haubanage en V semble relier les sommets des mats en N à la base de la jambe arrière du train d'atterrissage. Logiquement il devrait y avoir un autre faisceau de câbles en V, en position inversée croisant le premier, comme sur les stampe, par exemple. Seul un départ de câble, issu du sommet arrière du N des mats, est visible sur une photo. Il doit théoriquement aboutir à l'emplanture de l'aile. Mais à quel niveau ? Et puis un autre câble devrait le croiser, mais aucune trace. On peut toutefois supposer que le dessin du câblage était particulier pour ne pas gêner l'accès à la porte latérale, cette appareil ayant une vocation touristique. La question demeure et, faute d'information, je ne préconise pas un schéma particulier qui pourrait s'avérer faux, sur les planches de la maquette.
Concernant la couleur, j'ai opté pour du vert et du blanc, teintes assez usitées à l'époque.
Débriefing
Ce modèle n'est pas des plus simples à dessiner (et à assembler) en cumulant les difficultés: biplan, moteur apparent dans un nez aux formes quelques peu simplistes, couleur blanche (gare aux taches). Si, à cela, vous ajoutez le vitrage transparent et les gouvernes braquées....
Mais là réside tout le plaisir de réaliser une maquette unique d'un avion français qui a marqué, à sa façon, l'histoire de notre aéronautique française.
Les planches de la maquette:
Téléchargement des 4 planches au format A4, 2Mo environ la planche.
Cliquer sur les vignettes pour télécharger les planches.
ou prochainement sur le site de mon ami Pierre:
http://pierreg.free.fr/carton/projet/myproj.htm
Pour en savoir plus et question subsidiaire:
La documentation que j'ai pu réunir sur le sujet (tout autres éléments seront les bienvenus)
- Les Ailes du 9 juin 1932 VOIR (source Gallica)
On peut se demander si le fuselage du Weymann 130 n'a pas été utilisé pour l'étude de l'autogyre Weymann type 200 comme la photo ci dessous pourrait le laisser supposer?
WEYMANN C200 (moteur 6 cylindres en ligne?)
Et pour terminer,quelques photos de la maquette:
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